Poetic Lab, clap 2. Des mots contre l’inertie
La deuxième étape du Poetic Lab consacré aux liens entre langue et pouvoir initié en novembre dernier par Charlyne Audin, Maître-assistante en français pour ses étudiants du B2 AESI FLE/EPC avec le linguiste et grammairien Dan Van Raemdonck, s’est articulée la semaine dernière autour deux ateliers d’écriture animés par Karel Logist, l’un des poètes belges les plus importants de sa génération. Ce dernier a démontré, comme l’avait fait Borgès dans sa nouvelle intitulée La Bibliothèque de Babel, qu’un auteur n’écrit jamais seul ; à fortiori quand il est poète, riche d’amitiés réelles et ou de papier.
Lors de la matinée du 17 février dernier, les étudiants ont été conviés dans leur classe aux Rivageois à une sorte de petit « marché de la poésie » où ils ont pu « emporter » avec eux les mots qui leur plaisaient ou qui leur manquaient pour produire un texte, soit à partir des premiers vers des poèmes du poète Karel Logist qui était présent, soit par une tentative de puisement dans ses textes pour récolter « cent mots » à verser sur la page blanche ou par un jeu de « contre-lectures » orales à la manière de Jacques Izoard —William Cliff, Georges Perros, Jean Cocteau, Louis Scutenaire, Blaise Cendrars ou de Jules Supervielle.
Le deuxième atelier avait lieu le 21 février à la bibliothèque George Orwell de la Cité Miroir. Rassemblés autour de tables rondes, les étudiants ont été invités par l’auteur durant 3 heures à jouer avec les assonances et les vers libres pour souligner la force d’inertie qui empreint nos sociétés contemporaines. Sur fonds visuels et sonores intenses et vifs de la poésie de Karel Logist, de la lecture de la rage d’Henri Michaux, des graffitis laissés sur les murs de Paris par les Gilets jaunes et de l’expression musicale d’Eric Therer, ils ont ainsi été amenés à produire chacun, en un laps de temps limité, une poésie visant à émouvoir et donner vie à... une chaise.
Après quoi, ce sont soit, des documents administratifs authentiques (injonction à quitter le territoire, document de l’ONEM, article du Code Civil, etc.), un pavé de porphyre ou encore un simple Bic rouge, qui ont joué le rôle de déclencheur à leur rédaction d’indignation contre diverses formes de violence liées à la langue.
Des textes investis d’une conscience citoyenne réelle que l’on peut découvrir ICI à travers une sélection d’extraits choisis.
Cette belle rencontre avec le poète aura permis à ces futurs enseignants de saisir une nouvelle dimension du Poetic Lab; à savoir: le pouvoir des mots à faire se lever les « assis » pour (d)énoncer la violence de la langue dans certains contextes institutionnels ou du quotidien.
Elle aura surtout montré aussi que si parfois les mots heurtent ou mettent à terre, ils constituent également un extraordinaire outil pour construire un avenir où les enjeux démocratiques de notre société serraient défendus à chaque instant. Gageons que ce passage dans le Poetic Lab de ce mois de février aura donné à ces futurs professeurs de français des ailes pour la suite…
Compte-rendu complet en images de l'atelier d'écriture à cité Miroir : https://www.facebook.com/Hechrivageois/videos/196931871518751/
Karel logist vient de publier Un Cœur lent aux éditions Tétras Lyre : https://le-carnet-et-les-instants.net/2019/12/05/logist-un-coeur-lent/
Prochains rendez-vous du Poetic Lab : Les ateliers slam de Lisette Lombé en mars prochain où la poétesse viendra dévoiler un tout autre aspect du monde de la poésie et permettre aux étudiants de donner de l’ampleur et une présence scénique aux écrits précédemment construits avec Pascal Leclercq et Karel Logist.